Perspectives économiques en Afrique 2025 : résilience malgré des vents contraires

By | 3 juin 2025

La croissance économique africaine devrait passer de 3,3 % en 2024 à 3,9 % en 2025, pour atteindre 4 % en 2026, malgré la montée des incertitudes géopolitiques et des tensions commerciales, a annoncé mardi le Groupe de la Banque africaine de développement (www.AfDB.org) dans son rapport phare « Perspectives économiques en Afrique 2025 ».

Malgré les défis intérieurs et extérieurs actuels, l’Afrique continue de faire preuve d’une résilience remarquable. Le rapport, intitulé « Mieux faire fructifier le capital africain pour le développement de l’Afrique », a été publié lors des Assemblées annuelles 2025 du Groupe de la Banque, qui se tiennent à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il démontre la capacité du continent à résister à de multiples chocs tout en identifiant des pistes pour libérer un vaste potentiel de transformation.

Perspectives de croissance solides malgré les difficultés mondiales

Le rapport présente des projections encourageantes malgré des défis importants :
21 pays africains atteindront une croissance supérieure à 5 % en 2025, dont quatre – l’Éthiopie, le Niger, le Rwanda et le Sénégal – qui pourraient atteindre le seuil critique de 7 % nécessaire à la réduction de la pauvreté et à une croissance inclusive.
Les taux de croissance projetés pour l’Afrique dépasseront la moyenne mondiale et la plupart des autres régions, à l’exception des pays émergents et en développement d’Asie.
La résilience continue de l’Afrique repose sur des réformes nationales efficaces et une meilleure gestion macroéconomique.

Croissance contrastée selon les régions d’Afrique

Les perspectives de croissance varient considérablement selon les régions : l’Afrique de l’Est arrive en tête avec une croissance prévue de 5,9 % en 2025-2026, portée par la résilience de l’Éthiopie, du Rwanda et de la Tanzanie. L’Afrique de l’Ouest maintient une croissance solide de 4,3 %, tirée par la mise en service de nouvelles productions pétrolières et gazières au Sénégal et au Niger.

Face à des vents contraires persistants, l’Afrique du Nord devrait enregistrer une croissance de 3,6 % en 2025. En Afrique centrale, la croissance devrait ralentir à 3,2 % et en Afrique australe, seulement 2,2 %, sa plus grande économie, l’Afrique du Sud, ne devant enregistrer qu’une croissance de 0,8 %.

Des défis importants persistent. Quinze pays connaissent une inflation à deux chiffres, tandis que les paiements d’intérêts absorbent désormais 27,5 % des recettes publiques en Afrique, contre 19 % en 2019.

« L’Afrique doit désormais relever le défi et se tourner vers l’intérieur pour mobiliser les ressources nécessaires au financement de son propre développement dans les années à venir », a déclaré le professeur Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la Banque africaine de développement, en présentant les conclusions du rapport.

Un potentiel considérable de ressources nationales reste inexploité.

Les PEA 2025 estiment qu’avec des politiques adaptées, l’Afrique pourrait mobiliser 1 430 milliards de dollars supplémentaires de ressources nationales, provenant de sources de recettes fiscales et non fiscales, grâce à de simples gains d’efficacité. L’extraordinaire base de ressources africaines, mais sous-exploitée, comprend :

Capital naturel : L’Afrique abrite 30 % des réserves minérales mondiales et pourrait capter plus de 10 % des 16 000 milliards de dollars de revenus prévus provenant des principaux minéraux verts d’ici 2030.

Capital humain : L’âge médian du continent, fixé à 19 ans, représente un dividende démographique qui pourrait ajouter 47 milliards de dollars au PIB africain grâce à une meilleure participation au marché du travail.
Capital financier : Les actifs des fonds de pension ont atteint 1 100 milliards de dollars, tandis que les transferts de fonds officiels pourraient atteindre 500 milliards de dollars d’ici 2035 si les coûts de transfert sont réduits.

Capital des entreprises : La mise en œuvre intégrale de la Zone de libre-échange continentale africaine pourrait accroître les exportations de 560 milliards de dollars et accroître les revenus du continent de 450 milliards de dollars d’ici 2035.

Des mesures urgentes sont nécessaires pour remédier aux fuites de ressources.

Le rapport souligne que les sorties massives de capitaux compromettent le développement du continent. Sur les 190,7 milliards de dollars d’entrées financières reçues en 2022, l’Afrique a perdu environ 587 milliards de dollars du fait de ces fuites.

Sur ce total, environ 90 milliards de dollars ont été perdus à cause des flux financiers illicites, 275 milliards de dollars supplémentaires détournés par les multinationales qui transfèrent leurs bénéfices, et 148 milliards de dollars à cause de la corruption.

Le vice-président Urama a déclaré : « Lorsque l’Afrique alloue efficacement son propre capital (humain, naturel, budgétaire, commercial et financier), les capitaux mondiaux suivront les capitaux africains pour accélérer les investissements dans les secteurs productifs du continent.»

Principales recommandations politiques

« Rien ne saurait remplacer une gestion macroéconomique saine, des institutions de qualité, une bonne gouvernance et l’État de droit », a déclaré le vice-président Urama, soulignant la nécessité vitale de renforcer la gouvernance.

Le rapport appelle également à des réformes globales dans plusieurs domaines cruciaux. Concernant la mobilisation des recettes fiscales, le rapport recommande d’améliorer l’administration fiscale grâce à la numérisation, d’élargir l’assiette fiscale nationale et de renforcer les contrats sociaux avec les citoyens afin d’améliorer le respect des obligations fiscales.

Il préconise de rendre la comptabilité du capital naturel obligatoire et de faire respecter les exigences de conservation de la valeur nationale par le biais d’exigences de valorisation.

Les PEA soulignent également la nécessité d’approfondir les marchés financiers en exploitant l’épargne institutionnelle, en développant les marchés obligataires en monnaie locale et en harmonisant les cadres réglementaires afin de faciliter les investissements transfrontaliers.

Perspectives économiques en Afrique : Les Perspectives économiques en Afrique 2025 fournissent une feuille de route complète pour libérer le potentiel de transformation de l’Afrique grâce à une meilleure mobilisation et utilisation des ressources nationales en capital.

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